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samedi 7 septembre 2013

Les adieux à la reine, Chantal Thomas


Un silence consterné, quelques apartés, des ordres donnés, des seigneurs qui se déguisent en domestiques, et ces voitures au galop sur les chemins. Il n’y avait pas de lune en cette nuit du 16 juillet 1789, et lorsque je me suis retournée sur Versailles, le château, caché par la forêt encore plus sombre que le ciel, avait disparu… Je voudrais raconter cette désertion.



Mon avis :

De la révolution je ne connaissais que la vision populaire et ce roman nous montre ce qui s’est passé de l’autre côté, à Versailles. L’aspect original, qui m’a beaucoup plus, est que c’est une lectrice de la reine, Mme Laborde, qui nous raconte cette histoire et malgré sa proximité avec la reine, elle n’existe pas vraiment à ses yeux, ce qui en fait une spectatrice capable de raconter les évènements sans les vivre réellement.



D’emblée la présentation du château contrarie l’image que j’en avais : c’est un lieu sale et puant, et pourtant on y vit avec plaisir et tout le monde envie cette chance. J’ai visité Versailles et on a du mal à se l’imaginer comme ça. C’est un monde totalement à part et pour la narratrice, au delà il n’y a rien. Malgré ce qui se passe à Paris, on aura le temps de découvrir certains endroits de Versailles comme le Petit Trianon ou la ménagerie.



La révolution se devine plus qu’elle ne se vit, on comprend à travers les réactions que quelque chose de grave se passe. Pas de batailles, pas de sang, simplement une femme qui voit son monde s’écrouler. Et c’est ce qu’elle nous raconte. J’ai beaucoup aimé avoir cette vision là de 1789, ce grand départ de Versailles, cet abandon de tout, cette peur qui grandit peu à peu. J’ai été choqué du peu de considération des parents envers leurs enfants et des méfaits de certains, c’est un aspect assez noir mais qui apporte plus de force et de réalité à l’évènement.


J’ai été très touchée par la façon dont sont décrits Louis XVI et Marie-Antoinette. Je me suis même demandé ce qu’ils faisaient là, lui qui n’aimait pas le pouvoir, elle qui se sent une étrangère. La narratrice a une adoration pour la reine qui contraste totalement avec la vision du peuple (c’est ce qui apparaît quand elle surprend une discussion entre deux gardes). Voir Marie-Antoinette être abandonnée par tous ceux qu’elle croyait être des amis fait vraiment de la peine, de même que sa résignation alors qu’elle voulait fuir elle aussi. Et je ne peux pas m’empêcher de penser que ceux qui sont restés sont ceux qui avaient le moins leur place là…


Mme Laborde finira elle aussi par quitter Versailles et vu son attachement à Marie Antoinette, sa vie sera comme arrêtée à ce moment là. Si j’ai adoré la visite de Versailles et la fuite de ses occupants, je me suis ennuyée dans les passages racontant le présent. Les pensées de Mme Laborde sont parfois difficiles à suivre, et ajoutées au manque d’action de ces passages, c’était franchement pas intéressant. Le cercle d’amis ne voulant plus parler de la reine, le temps passé chez un ami, les réflexions personnelles, etc, tout ça n’a rien déclenché chez moi sinon une envie de lire plus pour pouvoir retourner à Versailles.


J’ai beaucoup aimé me plonger dans ces quelques jours qui ont détruit tout un univers, celui de Versailles. Et même si certains passages ne m’ont pas plu, l’ensemble est quand même très bon.




Publié le 18 mai 2013

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