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samedi 11 avril 2015

Fleurs de ruine, Patrick Modiano


Deux jeunes époux se suicident dans leur appartement parisien pour de mystérieuses raisons. Cette nuit là ils auraient fait la connaissance de deux femmes, de deux hommes, fréquenté un dancing, pénétré dans une maison pourvue d'un ascenseur rouge. Trente ans se sont écoulés. Le narrateur s'interroge sur leur histoire dont certains protagonistes semblent avoir croisé la sienne. Interrogation qui, en écho, en suscite d'autres.

Fantômes entrevus, explications jamais venues. Silhouettes, prénoms, aspirés par le temps. Paris, aussi, surtout. Perdu, poursuivi, redessiné.



Mon avis :

Déjà l'année dernière, j'avais voulu découvrir le prix Nobel de littérature mais aucun titre de la dame ne m'inspirait plus qu'un autre et j'ai toujours repoussé le moment de l'achat. Cette année, j'ai franchi le pas ! Et si j'ai toujours envie de découvrir Alice Munro, je n'ouvrirai certainement pas un autre livre de Patrick Modiano. Pourquoi suis-je si catégorique ? Parce que Fleurs de ruine n'est que confusion et survol d'événements et de personnages, et que si c'est là le style de l'auteur, ce sera sans moi.


D'abord, en ce qui concerne les lieux : on nous promet une balade dans Paris mais ce n'est qu'une suite de noms plus ou moins connus. Comme rien n'est décrit, on ne se représente pas les lieux et on ne comprend pas ce qui rend l'auteur mélancolique. Dire que ça a changé ne suffit pas à faire ressentir combien l'atmosphère a pu changer au fil des ans. Quelque soit l'époque dont il est question, il n'est pas fait référence qu'aux noms des endroits que le narrateur traverse, il faut donc être parisien, je pense, et avoir vécu les mêmes changements pour le suivre. Et personnellement, j'ai eu de la chance car deux lieux majeurs du roman me sont connus : les environs du stade Charlety (où je vis) et Montparnasse (où mon homme travaille). Le reste n'évoque que des stations de métro ou de RER... Et d'ailleurs, c'est exactement comme ça que j'ai vécu cette errance du narrateur dans Paris : un trajet en métro où les noms nous évoquent beaucoup mais pendant lequel on ne voit rien d'autres que des stations et des tunnels.


Pour les personnages, le narrateur parle de ceux qu'il a rencontré et qui auraient peut-être un lien avec le suicide d'un couple, qui les auraient peut-être croisés, qui les auraient peut-être entrainés vers des lieux inhabituels,... Peut-être, peut-être, peut-être,... Aucune confirmation ou infirmation n'est donnée à ces hypothèses, ce que j'ai trouvé très frustrant. Car le narrateur ne fait qu'évoquer d'éventuels rapports sans pousser plus loin, sans vraiment s'interroger, ce qui compenserait l'absence de réponse. Parfois, c'est la recherche qui est plus importante que le résultat lui même mais ici, il n'y a ni l'un ni l'autre.
Il fait également référence à Paris sous l'occupation mais là encore, il ne va pas au bout : Qui sont ces gens ? Que sont-ils devenus ? On n'en sait rien et je crois même qu'au fond, le narrateur s'en moque. A quoi ça sert de présenter autant de personnes si c'est pour ne rien exploiter. Beaucoup de noms sont cités mais il devient rapidement difficile de se souvenir qui était qui par rapport à qui et pourquoi il en a parlé. Le seul qui a le droit d'être un peu développé et qui en devient très intéressant, disparait sans qu'on en apprenne vraiment quelque chose et là encore, plus d'énigmes et aucune réponse.


Le dernier point qui ajoute à la confusion, c'est la ligne temporelle. Le narrateur parle de différentes époques (son enfance, son couple, sa jeunesse, sa paternité) mais comme il ne donne aucun point de repères et que ce n'est pas dans un ordre chronologique, je me suis rapidement perdue.


Je ne peux pas dire que c'est mal écrit ou désagréable à lire mais la forme ne fait pas tout et le fond est limite absent. Qu'est ce que ça raconte au final ? Rien, ou presque : l'histoire ne va nulle part, les personnages n'ont aucun vécu et les lieux ne sont pas décrits. 



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