Un monumental ruban de pierre se dresse en sentinelle au bord des brumes éternelles. Les hommes leur ont donné un nom : la Dernière Terre. Dans la cité-capitale des Cinq Territoires, Cahir, jeune homme frêle, maladif, aux moeurs et aux allures bien éloignées des codes stricts qui font loi autour de lui, subsiste envers et contre la réprobation générale. Il est issu des Giddires, un peuple rejeté, au ban de la paix politique qui unit les autres contrées. Malgré cela, entre intelligence et ingénuité, il parvient à se rapprocher de certains locaux, dont Ghent, fils du Haut-Capitaine à la tête des forces militaires des Basses-Terres. Au fil de ces jours paisibles, s’il advenait un événement capable de bouleverser tous les dogmes établis, quel poids l’existence de Cahir aurait-elle dans la balance des certitudes ?
|
Mon avis :

Le principal reproche qui a été fait à ce roman, c’est qu’il contient peu d’action. En effet, c’est le cas, hormis un événement bien précis (dont je ne dirai rien de plus pour ne pas vous spoiler), rares sont les moments où les héros sortent leurs épées. Mais c’est dit dans le roman : en devant arpenteurs, les jeunes garçons ne s’attendent pas à combattre tous les matins. Cela donne à cet événement précis une grande importance : il y a un « avant » et un « après », c’est un moment charnière et rien ne sera plus comme avant. Le manque d’action donne donc à cet événement une importance capitale et on ne peut que comprendre que quelque chose d’irréversible s’est passé et qu’il n’est plus possible de revenir en arrière, à la vie comme elle était. Donc cet absence d’action sert l’histoire et laisse aussi la place à ce qui est le meilleur du roman : le développement des personnages.

J’aime beaucoup la sœur de Ghent, j’ai hâte de voir comment elle va évoluer. Pour parler d’une autre femme du roman, j’ai d’abord été réticente vis-à-vis de Reghia mais après avoir pris connaissance des relations qu’elle entretient avec son père, je l’ai mieux comprise et je l’ai même appréciée, surtout lors de certaines discussions avec son ce dernier... Je ne vais pas faire le tour de tous les personnages mais aucun n’est moins travaillé que les autres, même ceux qui n’ont qu’un petit rôle ont des attitudes et des paroles qui en disent tout aussi long que de longues descriptions. Quand le personnage est si « réel », il n’est pas nécessaire d’en parler en long et en large, les signes extérieurs qu’il donne suffisent pour qu’on se fasse une idée de son caractère. Et les relations qui les unissent sont tout aussi travaillées. La plus touchante à mes yeux est celle qui unit Cahir et Melgar, en raison des différences du premier et de la froideur du second. Jusqu’au bout, j’ai attendu une marque d’affection de l’un ou de l’autre, et l’une des dernières scènes du livre qui les implique m’a beaucoup émue. J’ai rarement été touchée de cette manière par une relation dans un roman.

C’est un énorme coup de cœur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire