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dimanche 8 février 2015

L’enfant merehdian (La dernière terre, tome 1), Magali Villeneuve


Un monumental ruban de pierre se dresse en sentinelle au bord des brumes éternelles. Les hommes leur ont donné un nom : la Dernière Terre. Dans la cité-capitale des Cinq Territoires, Cahir, jeune homme frêle, maladif, aux moeurs et aux allures bien éloignées des codes stricts qui font loi autour de lui, subsiste envers et contre la réprobation générale. Il est issu des Giddires, un peuple rejeté, au ban de la paix politique qui unit les autres contrées. Malgré cela, entre intelligence et ingénuité, il parvient à se rapprocher de certains locaux, dont Ghent, fils du Haut-Capitaine à la tête des forces militaires des Basses-Terres. Au fil de ces jours paisibles, s’il advenait un événement capable de bouleverser tous les dogmes établis, quel poids l’existence de Cahir aurait-elle dans la balance des certitudes ?



Mon avis :

J’ai lu ce livre suite aux multiples avis positifs que j’ai pu lire et notamment à cause du gros coup de cœur de Méli. Et je ne peux qu’ajouter un avis ultra positif à la longue liste et dire que tous les compliments qui ont été faits sont amplement mérités !


Le principal reproche qui a été fait à ce roman, c’est qu’il contient peu d’action. En effet, c’est le cas, hormis un événement bien précis (dont je ne dirai rien de plus pour ne pas vous spoiler), rares sont les moments où les héros sortent leurs épées. Mais c’est dit dans le roman : en devant arpenteurs, les jeunes garçons ne s’attendent pas à combattre tous les matins. Cela donne à cet événement précis une grande importance : il y a un « avant » et un « après », c’est un moment charnière et rien ne sera plus comme avant. Le manque d’action donne donc à cet événement une importance capitale et on ne peut que comprendre que quelque chose d’irréversible s’est passé et qu’il n’est plus possible de revenir en arrière, à la vie comme elle était. Donc cet absence d’action sert l’histoire et laisse aussi la place à ce qui est le meilleur du roman : le développement des personnages.


Chaque personnage est travaillé et il est impossible de ne pas s’attacher à eux. Même Féor, qui n’apparaît pas avant une bonne moitié du roman et qui nous prive de moments passés avec les autres personnages qu’on adore et dont l’intérêt pour l’histoire n’est pas flagrant, devient vite très attachant. Il y a une telle richesse dans les caractères que les personnages m’ont paru réels. Mon préféré est Cahir, un jeune homme différent des autres qui peine à trouver sa place face à des gens qui ne veulent pas de lui. Il en découle une personnalité complexe et un homme extrêmement attachant. J’ai peur pour lui à certains moments et j’ai souvent eu de la peine pour lui à cause de ce qu’il avait à endurer. Pour l’aider, il a Ghent, « l’homme parfait ». Comme Cahir, il est arpenteur et ils vont être liés par l’événement dont j’ai parlé plus haut. Si je l’ai adoré au départ, j’ai été déçue par son attitude par la suite, j’ai presque été blessée par ses actes, comme si je faisais partie intégrante de l’histoire, tant j’étais prise par ma lecture. Ses parents et sa sœur n’ont pas un caractère aussi détaillé mais ce n’est pas nécessaire pour qu’ils apparaissent avec une personnalité aussi travaillée que lui, ils sont secondaires mais ont tout de même un rôle et une profondeur. 
J’aime beaucoup la sœur de Ghent, j’ai hâte de voir comment elle va évoluer. Pour parler d’une autre femme du roman, j’ai d’abord été réticente vis-à-vis de Reghia mais après avoir pris connaissance des relations qu’elle entretient avec son père, je l’ai mieux comprise et je l’ai même appréciée, surtout lors de certaines discussions avec son ce dernier... Je ne vais pas faire le tour de tous les personnages mais aucun n’est moins travaillé que les autres, même ceux qui n’ont qu’un petit rôle ont des attitudes et des paroles qui en disent tout aussi long que de longues descriptions. Quand le personnage est si « réel », il n’est pas nécessaire d’en parler en long et en large, les signes extérieurs qu’il donne suffisent pour qu’on se fasse une idée de son caractère. Et les relations qui les unissent sont tout aussi travaillées. La plus touchante à mes yeux est celle qui unit Cahir et Melgar, en raison des différences du premier et de la froideur du second. Jusqu’au bout, j’ai attendu une marque d’affection de l’un ou de l’autre, et l’une des dernières scènes du livre qui les implique m’a beaucoup émue. J’ai rarement été touchée de cette manière par une relation dans un roman.


Mais ce n’est pas tout : il n’y a pas que les personnages et leurs relations qui m’ont impressionnée, il y a aussi tout l’univers qui les entoure. Déjà, l’organisation : quelle soit politique ou militaire, la hiérarchie est intéressante. J’aime beaucoup l’idée de découpage des territoires, les peuples qui vivent et leurs coutumes, l’idée que des choses se cachent dans les ombres et qu’il reste donc encore des choses à découvrir. C’est original dans la manière de diriger et même ce dirigeant n’est pas commun, la plongée dans la politique est légère mais vus les caractères de ceux qui l’entourent, je suis curieuse de voir ce que ça va donner par la suite. Le style de l’auteure permet de visualiser tout cet univers. J’ai toujours eu des difficultés à me représenter ce qui est décrit dans les romans mais ici, c’était toujours très clair, que ce soit les personnages ou les lieux. De manière générale, c’est très bien écrit et c’est un pur bonheur à lire. Je n’ai absolument rien à reprocher à ce roman, pas même sur un point de détail : le cadre est magnifique, l’univers est intéressant, les personnages sont très attachants et c’est un plaisir à lire.


C’est un énorme coup de cœur.



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